Navrée mille fois pour cette énième absence, j'aimerais parfois avoir une vie simple et paisible, tellement d'évènements se sont enchaînés depuis octobre: la séparation chaotique et violente de mes parents, des procès qui s'en suivent et dont on ne perçoit jamais réellement la fin, une lutte acharnée pour les biens et la maison, notre rottweiler si doux qui a violemment mordu ma mère au visage (nuit aux urgences, cicatrice très vilaine à quelques millimètres de la bouche), et dernier drame en date: Macha, mon chat de toute une vie (qui allait sur ses 21 ans) et qui a été ma meilleure amie, mon éternel soutien et que je pensais très sincèrement immortelle, est décédée avant-hier. Ce fut tellement brutal, elle ne mangeait plus depuis deux jours et était devenue très maigre (mais l'ayant toujours été, je crois qu'on n'avait pas complètement réalisé), elle s'isolait constamment et ne répondait même plus à nos caresses. Vendredi j'ai commencé à devenir très inquiète, tout en pensant bien que Macha avait encore des années devant elle car aucune autre alternative n'était envisageable. Or, je suis actuellement en stage dans une maison de retraite et je ne suis jamais à la maison. Je me réveille à 5h30 chaque matin, prends une succession de bus, et je suis simplement exténuée. J'ai tenté au mieux de prendre soin d'elle, de lui faire retrouver l'appétit avec tout ce qu'elle préfère, rien n'y faisait. Elle ne buvait plus non plus. Je me souviens m'être endormie auprès d'elle Vendredi soir, tête contre tête. Samedi matin, le stage se poursuit (je travaille même le Dimanche). J'ai une boule au ventre et j'angoisse à l'idée que Macha soit sérieusement malade. Je pleure sans cesse et j'appelle ma mère en urgence pour lui demander de prendre rendez-vous chez un vétérinaire, afin qu'on y aille vers 15h lorsque je serai sortie du stage. 15h, ma mère arrive en voiture avec Macha à l'arrière, complètement recroquevillée. J'entre à l'arrière, prends Macha sur mes genoux et l'embrasse. 15h15, nous voici chez le vétérinaire. Nous attendons pour la consultation, Macha est toujours très faible mais réagit parfois. Je la tiens sur mes genoux et mes caresses lui sont autant destinées qu'elles ne le sont à moi-même car j'ai profondément besoin de me rassurer. Macha est juste un peu fatiguée, tout ira bien, elle est éternelle après tout. La consultation débute, le docteur est très inquiet car Macha est terriblement maigre (1,5 kg), elle n'a plus que la peau sur les os dit-il. Pourtant, ce fut brutal. Je me souviens pertinemment qu'il y a 2 jours, elle pesait bien plus, mangeait, on s'amusait à miauler pendant des minutes entières, et elle allait bien. Il suspecte une insuffisance rénale, ses reins ne fonctionnent plus, elle est déshydratée mais il ne palpe aucune tumeur. Il suggère un bilan sanguin et nous demande de rentrer jusqu'à ce qu'il nous téléphone avec les résultats. Il dit que ce bilan est nécessaire pour poursuivre le "protocole", c'est-à-dire une perfusion pour la réalimenter. Il m'explique très sincèrement qu'il ne peut rien me promettre mais que lundi, on avisera et on aura une meilleure idée de ce qu'il se passera. Il a lui-même proposé ce bilan sanguin car Macha avait une température très bonne, il a lui-même été surpris car au vu de son état physique, il ne pensait pas qu'elle tenait bon à ce point. Bref, j'embrassais Macha sans cesse sur cette sinistre table d'opération et probablement aussi d'euthanasie, je la prenais en photo car c'est quelque chose que j'ai toujours fait. La mitrailler pendant qu'elle me montrait son derrière, énervée et frustrée que j'aime tant la photographier. Il la transfère dans une autre salle pour poser le cathéter, revient aussitôt et me demande si je veux la câliner une dernière fois avant que l'on s'en aille, je réponds simplement "non ça ira, on revient dans quelques heures et tout ira bien". A cet instant, j'étais certes paniquée car je réalisais que Macha ne vivrait pas toujours mais je n'aurais JAMAIS imaginé que ce "toujours" équivalait maintenant à 1h et 30 minutes. J'ai insisté pour ne pas reprendre la voiture jusqu'à la maison, je souhaitais rester et attendre. J'aurais attendu une éternité pour Macha. Malheureusement, j'étais dans un état très inquiétant moi-même, pleurant et hurlant dans la rue alors ma mère a choisi qu'il était préférable que l'on rentre et attende tranquillement les résultats à la maison. J'ai tenté de m'occuper en triant toutes mes photos et vidéos de Macha. Puis, ma mère qui était en bas m'appelle. Elle vient d'avoir le docteur au téléphone et je me souviens qu'elle me dit "les résultats sont très mauvais, ça ne va pas du tout, il faut qu'on l'euthanasie avant que le cabinet du docteur ne ferme". Celui-ci fermait à 17h, il était alors 17h15. Nous sommes arrivées à 17h35, une femme se tenait devant nous et discutait d'un air insignifiant et insupportable avec le vétérinaire. Je devenais incontrôlable et j'avais tenté pendant tout le trajet de sécher mes larmes et de tenir bon, pour Macha. Je la prendrais dans mes bras, je prétendrais que tout allait bien pour qu'elle s'en aille paisiblement, auprès de moi. J'y étais parvenue. Je suis sortie, j'ai traversé la route et regardé le soleil se coucher. J'ai souri à cet instant. Puis ma mère est sortie et m'a appelée mais quelque chose semblait ne pas aller. Elle me disait simplement entre plusieurs voitures roulant à toute allure "traverse doucement, viens" et j'ai compris. J'ai hurlé "non! non, ne me dis pas ça, tu n'as pas le droit de me dire qu'elle est morte! non!" et j'ai hurlé, j'ai manqué de me faire renverser, je l'ai rejoint, je me suis effondrée à terre et je n'ai plus bougé. Macha était morte d'elle-même lorsque nous étions encore en voiture. Elle a choisi de partir et je suis heureuse qu'elle l'ait fait, avec du recul. Car ce n'est pas une stupide piqûre qui lui aurait dicté sa conduite du temps de ses beaux jours et jusqu'au bout, elle est restée fidèle à elle-même. Semblerait-il que ce soit un miracle qu'elle ait survécu si longtemps avec de tels organes endommagés et la condamnant. Lorsque l'on s'est concentré sur son bilan sanguin, chaque paramètre était anormalement élevé. Pour des normes entre 1 et 20, elle était à environ 160, quelque chose d'invraisemblable. Son foie était condamné, son pancréas aussi. Tout. Or, un seul paramètre était dans les normes, celui-ci impactant le coeur. Son coeur était vaillant et beau, et grand, et parfait. Qu'importe, Macha est décédée. Je ne la reverrai plus jamais et je suis incapable de m'y résoudre. Je me surprends à l'entendre miauler et à accourir à la porte pour lui ouvrir lorsque j'étais simplement en train d'halluciner. Je me surprends à entrer dans l'atelier et à embrasser le carton dans lequel elle repose. Je me surprends à mettre un poids de vêtements entre mes jambes pour m'endormir afin de prétendre qu'elle est encore là, reposant paisiblement contre moi. Tout me fait penser à elle. Je reproduis tous nos instants magiques comme si elle était encore là. Je cours follement dans les escaliers et entre les pieds du babyfoot comme on faisait lorsqu'on jouait à cache-cache. Je m'allonge contre le sol glacé comme elle faisait l'été lorsqu'elle avait trop chaud. J'effleure le bas de mon lit ancré de ses griffes lorsqu'on jouait au scoubidou. Je suis complètement anéantie et incapable de faire le deuil. J'ai surtout du chagrin pour Macha, qui ne pourra plus jamais ressentir quoi que ce soit, elle qui aimait tant la vie. Hier, après mon stage, mon père est venu me chercher et nous sommes allés l'enterrer au sommet de la montagne, au-dessus de la maison. C'est mon endroit préféré sur cette Terre, je l'ai découvert l'été dernier et j'y fais très régulièrement des randonnées. Je monte pendant des heures et je me pose sur le rocher roi, je survole l'immensité du monde et je suis heureuse. Nous avons trouvé un endroit parfait pour Macha à quelques mètres de ce rocher. Ce n'était pas aisé car tout est dur et fait de pierres mais mon père a creusé et creusé et enfin, nous avons pu faire un trou suffisamment grand pour elle. Or, je voulais qu'elle demeure dans le carton, au chaud, mais celui-ci était gigantesque. Mon père a alors choisi de découper la moitié supérieure puisqu'elle reposait plus bas et avec cette moitié, il en a fait un second carton qu'il a empilé sur le premier et on a obtenu une boîte plus petite et davantage soudée. Je suis partie lorsqu'il a fait ça car je ne pouvais pas voir Macha morte. Il l'a vue et me l'a décrite: elle repose allongée, tête blottie entre ses deux pattes avant, elle paraît endormie, elle n'est pas encore raide mais au contraire très souple. Un oeil est fermé, l'autre à moitié ouvert comme si elle faisait un clin d'oeil. J'aime penser qu'elle me fait un clin d'oeil l'air de dire "tchou ma poule, merci pour tout" ou je ne sais quoi. J'aime penser qu'elle est heureuse de là-haut et qu'elle veillera sur moi. Ce qui est ridicule car je n'ai jamais été croyante et je trouve tout ceci débile au plus haut point. En réalité, elle est juste morte et se décomposera jour après jour. Mais cette dure réalité est impossible à digérer à l'heure d'aujourd'hui alors je m'évade, je l'imagine quelque part, sautillant, maîtresse des montagnes, terrorisant chaque créature. Libre, sauvage et paisible. Elle me manque tellement.
Bref, il est temps que je revienne sur SF pour poster des messages un peu plus joyeux! En attendant, voici une photo de Macha et la seconde "please don't die" est la dernière photo que j'ai prise d'elle, chez le vétérinaire, une heure avant qu'elle ne s'en aille pour toujours.
- Spoiler:
Et puisque j'aime écrire pour me purger en quelque sorte de ces émotions qui me rongent, voici ce que j'ai écrit sur Facebook, je vais écrire chaque soir pour elle:
macha passed away earlier today, she was almost 21 years old yet i believed with all my heart that she was immortal. she has been my best friend and i can't picture myself going through life without her. i remember growing up, feeling lost and confused, but coming home to her was always a relief. i would spend hours cuddling with her, playing silly games - hide and seek was her favorite - and meowing at her. but she was no ordinary cat, she was a duchess. this is all very sudden because she was just fine a few days ago and now she's just gone. forever. i don't understand why she's not here anymore. it doesn't feel right nor fair. tomorrow, i'll be heading to the mountains and i'll bury her under the sun, where she belongs. i will forever cherish your memory, my sweet darling. i hope i've made your life a magical one as you did for me. thank you for all your love and affection. you were my one true love. i miss you so very much.
thank you to each and everyone of you for bringing warmth to my grieving heart. i'm grateful macha gets to inspire such beautiful souls even after she's gone. today has been emotionally draining as i came to realize she was never coming back. i truly wanted to believe she was alive somewhere. rolling over in the grass, all wild and free. if i let go of her and accept her death, then i don't think i can ever stop myself from crying. i can't cope with it as this is too much for me to handle. i never thought i'd have to say goodbye to her. the worst part is i never got the chance to really say goodbye. we had taken her to the vet earlier that day and he was worried as she only weighed 1,5 kg, that is around 3 lbs. but then again, she had always been very skinny. he suspected she had renal failure but that was it. he said he would do his best to take care of her, run a blood test and put her on a drip to get her rehydrated. he asked us to go home as he ran these tests. i didn't want to leave her all alone. i asked if i could stay outside and wait. i would have waited forever for her. but i was collapsing on the street, making a scene and so we drove back home. i was the reason we left her. the vet asked me if i wanted to give macha one last hug before taking her to another room but i said it was fine, i would see her in a few hours and it would all be okay. i had no idea she was this close to death. i wish i had known because when we heard back from the doctor over the phone, he said all of her organs were severely damaged. her sweet body was failing her. i fell down on the floor and screamed so hard i almost vomited. we had to rush back to the vet office so as to euthanize her. i tried my hardest to calm down while we were in the car because macha needed me. i would hold her, kiss her and smile as she would leave this earth. i would do this for her. when we got there and i had managed to wipe the tears from my eyes, another woman was talking to the doctor. i waited outside and tried to get ready for what was coming. i remember watching the sun go down and smiling. then my mom called out to me from across the street. i was ready. this was it. i would say my goodbyes to macha. but then i knew something was wrong just by looking at my mom's face. as she asked me to carefully cross the street, i burst out in tears and screamed "no! don't! don't you tell me she's dead!" but she was. she had died from natural causes as we were still in the car. typing this feels like i'm reliving it and my heart aches so much but maybe it's cathartic. i think i need to go through it again in order to grieve. i loved her so, so much. after all the screaming, i felt numb. i would listen to the doctor explaining what went wrong but i wasn't really there. i was away, in a perfect world where macha was still alive. the doctor told us it was a miracle she had been able to live this long because the blood results were critical. her whole body was shutting down but one thing kept her going and it showed on the results: her heart. it was in perfect condition and i believe it's because it was so big and beautiful. she felt loved and she didn't want to go. this explains why she had forced herself to eat earlier in the morning when rationally speaking, she could not have been able to consume any food. she fought as hard as she could and it somehow soothes me knowing she chose to go. it was her decision. there was no injection telling her when to go, she was always a stubborn kitty and so she went on her own. i hope she wasn't feeling scared nor abandoned. i hope the moment she let go, she knew just how much i loved her. i miss her terribly.